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pascale; outre les épitres et les évangiles de l'office quotidien de l'Eucharistie, la préface pascale, une antienne pour le jour de Pâques, il propose seulement des psaumes et chapitres pour les offices du matin et du soir. Pendant trois cents ans le fidèle anglican se contentait de ce que lui prescrivait son Prayer Book. S'il était pieux, il faisait la communion le vendredi-saint, sans qu'il se doutât que c'était contraire à l'usage chrétien. Mais on a changé tout cela. A l'exception des églises métropolitaines et de celles de la Low Church, la Sainte Communion n'est pas célébrée le vendredi-saint. Pendant longtemps la question a passionné le clergé anglican; mais le désir de se rapprocher de l'usage catholique a pris le dessus, quoiqu'on ne prétende pas encore offrir la messe des Présanctifiés, ce qui entraînerait des difficultés pour une Eglise qui n'est pas libre de conserver les Saintes Espèces. La dévotion tout à fait « italienne » de la méditation des Sept paroles de Notre-Seigneur commence à se généraliser, même dans les cathédrales. Cette année, elle a eu lieu pour la première fois dans l'abbaye de Westminster, en dépit de la protestation énergique que lança tout dernièrement contre cette dévotion le D' Farrar, de la même abbaye. On fait le chemin de la croix dans beaucoup d'églises paroissiales, on le fait même quelquefois en plein air, et la foule est toujours respectueuse. L'office de Ténèbres n'est pas inconnu chez les anglicans, et on nous cite une église SaintCuthbert, Philbeach-Gardens, où l'on fit pour la première fois l'adoration de la Croix. La formule de l'office est assez bien connue des Anglicans sous le nom de « the reproaches »; seulement on ne fait pas d'ordinaire l'adoration de la Croix. Le Church Times est d'avis que pour le plus grand nombre des Anglais cette cérémonie ne serait pas édifiante. Le plus grand nombre des Anglais n'étant pas catholiques, nous donnons raison au Church Times. La presse séculière fait remarquer que l'observation du vendredi-saint est d'un usage toujours croissant. Si cela est vrai,ce que nous avons lieu de croire, ne seraitce pas dû en grande partie aux Ritualistes?

La fête pascale a été célébrée d'une manière très édifiante en ville et en province. Partout on se rapproche de l'idéal catholique; la célébration de l'office de la Communion devient d'un usage chaque jour plus fréquent, et les communiants sont plus nombreux. Les églises Low Church, qui se tiennent en dehors du mouvement, n'en subissent pas moins le contre-coup, car on ne les fréquente plus guère. Le puritanisme disparait de plus en plus, on voit que son rôle touche à sa fin. Ne serait-ce pas là un signe que l'Angleterre est à la veille de revenir à l'unité catholique? Nul ne le sait, mais nul ne pourrait affirmer le contraire. « Non est vestrum nosse tempora vel momenta quæ Pater posuit in sua potestate » (Act. 1, 7). A nous donc de prier et de travailler!

LIVRES ET REVUES

PALL MALL MAGAZINE

Dans le Pall Mall Magazine du 1er avril, Lord Halifax répond à cette question si souvent posée: La réunion chrétienne est-elle possible? Nos lecteurs nous sauront gré de reproduire les principaux passages de ce remarquable article.

La réunion chrétienne est-elle possible? C'est là une question que ne devrait pouvoir se poser aucun de ceux qui croient au christianisme. Mais puisque la question est posée, et cela personne n'en peut douter, avec une parfaite bonne foi, je vais essayer d'y répondre et d'exprimer les sentiments de ceux qui croient que la Réunion est non seulement possible, mais réalisable, qu'elle n'est pas seulement une pieuse aspiration, mais un but en vue duquel il faut travailler avec la force que donne l'espérance qui a foi au succès. Tout d'abord, que signifie ce terme : Réunion chrétienne?

Si l'on entend par là une réunion visible de tous ceux qui portent le titre de chrétiens, dans ce cas, bien que nous n'osions pas dire qu'un but si élevé soit impossible à atteindre, nous pourrions cependant difficilement le regarder comme pratiquement réalisable à l'heure actuelle. Il y a toujours parmi les chrétiens des gens que, sans leur faire injure, j'appellerai excentriques, gens d'un individualisme exagéré, qui ne peuvent pas ou ne veulent pas marcher de front avec les autres, qui, si leur excentricité les mène à sacrifier des vérités fondamentales, sont, à bon droit, appelés hérétiques, et qui, même sans encourir ce reproche, se trouveront souvent dans une position d'isolement au point de vue religieux. Nous avons des raisons de nous attendre à ce que ce qui s'est toujours produit dans le passé se reproduise encore dans l'avenir; aussi, laissons-nous les gens de cette sorte hors de compte lorsque nous parlons de réunion. Le nombre peut s'accroître, et même d'une manière notable, à l'heure actuelle, en raison de cette idée très couramment répandue que l'union visible de tous les chrétiens en une seule Église n'est pas même désirable, qu'une telle union n'était nullement dans les desseins de Notre-Seigneur et qu'elle ne constitue pas un des caractères du christianisme parfait...

Ceux-là, tout en les respectant profondément, tout en admirant sincèrement les services qu'ils rendent à la cause du triomphe des principes religieux dans la conduite, tout en reconnaissant du fond du cœur leur véritable caractère chrétien, nous sommes obligés de les laisser de côté lorsque nous parlons de la Réunion.

Le fondement de nos espérances, la base sur laquelle nous évoluons, c'est cette croyance que nous avons que tout chrétien appartient naturellement à une société unique et divinement constituée, que nous appelons

l'Église. Nous croyons que Notre-Seigneur lui-même a fondé cette société, qu'il a réuni ses apótres et ses disciples pour la former, avec mission d'aller partout, dans toute nation sous les cieux, rassembler de nouveaux disciples. Nous croyons qu'il a institué ses apôtres comme chefs de cette société, leur donnant pouvoir et autorité d'en désigner d'autres pour les remplacer. Nous croyons que les évêques de l'Église sont à travers le monde les dépositaires de cette autorité, et qu'ils l'exercent à la fois en commun, et individuellement dans leurs diocèses respectifs. Nous croyons que tous ceux qui sont baptisés sont, par la grâce de Dieu, « ajoutés à l'Église », créés membres de cette société. En conséquence, les chrétiens, nous semble-t-il, ne sont pas seulement unis par une sympathie mutuelle ou par une charité intérieure; ils sont membres d'une société organisée, et ont à marcher soigneusement dans la doctrine et les traditions de confraternité que leur ont léguées les apôtres...

La Réunion chrétienne ne saurait être une union fédérale d'Églises naturellement séparées et indépendantes. Elle n'est pas une union artificielle de religions incompatibles entre elles. Elle n'est pas non plus un faux semblant d'unité auquel on parviendrait au moyen de compromis, en taisant ou paraissant ignorer des divergences fondamentales. Ce n'est pour rien de tout cela que nous prions et que nous travaillons. Nous ne cherchons rien de nouveau. Nous cherchons seulement à réaliser d'une manière complète et évidente cette unité de l'Église, qui existe réellement, bien qu'obscurcie par des siècles de malentendus. C'est pour une unité naturelle et non artificielle que nous prions, c'est pour la révélation au monde de cette unité, dans laquelle Notre-Seigneur fonda son Église et dans laquelle elle est inté

rieurement demeurée à travers les siècles.

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Cela est-il donc impossible? C'est là un mot que tous ceux qui pensent que cette unité est vraiment la volonté de Dieu n'oseront pas prononcer. Mais on me demande, je suppose, d'examiner la question au point de vue humain, de voir s'il n'y a aucune solution que puisse prévoir l'intelligence et que l'on puisse hâter par les moyens que suggère la prudence humaine. Je répondrai tout d'abord qu'il se manifeste de toutes parts un croissant désir d'unité. Des âmes ardentes et aimantes se demandent quelle ne serait pas la face du monde si toute la force de la foi chrétienne pouvait seulement être maniée comme par une seule main. L'idée amène le désir; lui-même fera naître la résolution...

Les points de divergence qui tiennent les chrétiens séparés sont en partie d'ordre doctrinal, en partie d'ordre pratique. Et parmi ces derniers, il y en a qui sont le plus matière à division et qui cependant ne demandent d'autre traitement qu'un peu de tolérance mutuelle. Quel droit en effet aurions-nous de condamner les usages des autres?

Cependant, il y a certains points d'ordre pratique qu'il serait impossible de traiter seulement par la tolérance. Ils touchent d'une manière trop étroite aux principes généraux du gouvernement de l'Église. Je prendrai comme exemple le mode de confirmation des évêques. La coutume de l'Eglise romaine veut, si je ne me trompe, que chaque évêque reçoive sa juridiction du Pape. Je ne parle pas de l'élection ou de la nomination du futur évêque qui est faite de diverses manières et qui, dans certains cas, est laissée presque entièrement aux mains du pouvoir civil, mais de son admission formelle à son siège, de l'acte par lequel l'autorité et la juridiction épiscopales lui sont conférées. Mais parmi les Orientaux, l'Eglise anglaise a suivi leur ligne de conduite - l'évêque reçoit sa juridiction des évêques voisins ou comprovinciaux, agissant soit collectivement, soit par leur métropolitain.

· et

Si cette différence de méthodes n'avait trait qu'à l'usage, nous pourrions facilement imaginer les deux modes de confirmation continuant à fonctionner l'un et l'autre dans une Église parfaitement unie. Mais si la méthode romaine est basée sur quelque théorie touchant la constitution de l'Église, théorie d'après laquelle l'intervention du Pontife romain est absolument nécessaire, la difficulté n'est pas si facilement résolue. Mais pourquoi? Parce que, dans ce cas, la tolérance sur une question de méthode signifierait l'abandon d'un point de doctrine.

Nous en arrivons au cœur même du sujet : il existe des différences de doctrine entre les diverses parties de l'Église. Est-ce là une insurmontable barrière qui s'oppose à la réunion? Il y en a qui pensent ainsi, reculant comme effrayés par les dimensions et la résistance apparentes de cet obstacle. Mais un examen plus attentif réduit bientôt les proportions et découvre aussi certains défauts dans la structure de l'obstacle. Tout d'abord, nous rappelons-nous suffisamment combien plus nombreux et plus importants sont les points sur lesquels nous sommes d'accord que ceux sur lesquels nous différons? Ces derniers sont plus en évidence parce qu'ils sont controversés. Ils paraissent considérables parce qu'ils sont plus couramment traités, non seulement par les controversistes, mais aussi par des professeurs qui cherchent à fortifier leurs disciples contre des objections possibles. Mais tout en étant séparés par cette barrière, nous ne vivons pas dans des milieux absolument différents. Nous reposons sur cette base commune des vérités fondamentales du christianisme.

Nous partons des mêmes principes; nous différons surtout dans leurs applications, arrivant ainsi à des conclusions différentes; nous ne sommes pas incapables de nous comprendre mutuellement. Et cela n'est pas tout. Les obstacles qui à certains apparaissent si considérables, ne sont pas tous réels. Sans doute, certains existent; mais les autres peuvent souvent n'être qu'apparents. Une fois qu'une différence d'opinions s'est établie. le préjugé commence à faire son œuvre. Combien de nous ne peuvent-ils pas se rappeler le temps où certaines doctrines ou opinions étaient considérées comme fausses ou dangereuses, pour la simple raison qu'elles étaient associées avec l'Église romaine! Depuis, nous les avons examinées de plus près; nous nous sommes débarrassés de certains préjugés, et nous avons trouvé que ces doctrines étaient la propriété, non seulement de l'Église romaine, mais de toute l'Église catholique et, dès lors, la nôtre. Une fois de plus, les montagnes se sont abaissées. Ce qui paraissait nous diviser est devenu un trait d'union.

Et maintenant que toutes ces apparences d'obstacles ont été dissipées et qu'une seule barrière réelle se dresse encore, nous avons à nous demander si cette barrière elle-même est après tout si solide. Elle est formée de différentes définitions en matière de foi qui ont été exposées par les diverses parties de l'Église. Et je ne suppose pas qu'aucune de ces définitions, après avoir été officiellement adoptée et avoir longtemps fait autorité, puisse jamais être officiellement retirée.

Ce serait détruire l'action de l'Église dans le passé et lui enlever toute autorité pour l'avenir. Mais les termes d'une définition, bien qu'on y adhère fermement, n'ont pas besoin d'être imposés à tous. L'Occident, nous pouvons en être sûrs, ne renoncera jamais du Filioque, mais il n'est pas nécessaire d'imposer ce terme aux Orientaux. C'est, je crois, une opinion qui trouve toujours plus de crédit parmi les théologiens, qu'au fond l'enseignement de l'Orient et celui de l'Occident sont identiques. Si l'on tombe d'accord sur ce point, les termes ne seront plus un obstacle. Je ne crois pas, je ne puis pas croire que les différentes parties d'une seule et même Église

enseignent réellement des doctrines diamétralement opposées. Chacune de ces doctrines peut servir comme autant de flambeaux d'une seule et même vérité; ce n'est donc pas de suppressions qu'il faut parler, mais de fusion. Des explications mutuelles seront le moyen de cette fusion.

Il y a cependant certaines définitions qu'il faudra revoir, pour qu'il y ait un véritable retour à l'unité. Ce ne sont pas des définitions de foi, et d'ailleurs elles n'ont pas cette prétention. Ce qu'elles veulent définir, c'est l'erreur. Elles déclarent fausses les affirmations des autres. Ce sont des débris de controverse. Elles constituent les obstacles les plus sérieux à la réunion, mais le torrent de la charité les dissipera. Il sera peut-être difficile de les retirer, mais non pas impossible, ce serait enfantin de le dire. Même les organisations ecclésiastiques les plus rigides et les plus invariables ne refuseront pas d'entendre à nouveau une proposition condamnée. Elle fut condamnée parce qu'elle paraissait inconsistante avec la vérité. La considérer de nouveau n'est pas affaiblir la vérité ou compromettre le témoignage de l'Église. C'est demander seulement que l'on reconsidère, à la lumière de nouvelles explications, si le conflit apparent avec la vérité était vraiment réel.

Les 39 articles sont pleins de définitions de ce genre. Des opinions sont condamnées, des expressions sont réprouvées. Quelques-unes de ces condamnations et de ces réprobations sont les plus sérieux obstacles à la réunion. Doivent-elles demeurer telles qu'elles sont? Dans cet ordre d'idées je ne puis m'empêcher de me reporter avec reconnaissance au noble sermon préché par l'archevêque d'York au Congrès de Norwich. Il nous mettait en garde contre l'esprit de complaisance envers nous-mêmes et nos doctrines personnelles. Il nous mettait en garde contre cette idée que nos articles sont une solution finale des querelles qui leur donnèrent naissance. Quelle occasion n'est-ce pas pour l'Église d'Angleterre ! Elle peut donner le signal du mouvement en renonçant à ces définitions qui ne proclament aucune vérité, ne sauvegardent aucune doctrine, qui servent seulement à noter une erreur supposée qui peut-être n'existe pas et des propositions qui peut-être ne sont nullement en contradiction avec notre propre doctrine. Mais nous ne devons pas renoncer à notre enseignement positif. Nous croyons que quelque chose nous a été enseigné par Dieu luimème, que nous percevons certaines vérités plus clairement peut-être que d'autres chrétiens et que nous leur avons donné une forme et une expression. C'est là notre honneur et notre gloire. Si nous avons beaucoup a gagner de Rome, nous croyons aussi que Rome n'est pas sans avoir beaucoup à gagner de nous. Elle peut apporter ses trésors, nous les nôtres ; ils contribueront à parer et à orner la cité de Dieu.

Quel sera le chef dans le retour à l'unité? Doit-il y avoir un chef évident? Une union permanente peut-elle exister sans un centre unique et puissamment constitué? Nous ignorons ce que la Providence de Dieu peut avoir en réserve pour son Église, quels dons anciens ou nouveaux elle peut tirer des trésors de sa sagesse. Mais, si je puis exprimer ma propre conviction personnelle, je dirais que la tradition de l'histoire désigne la Chaire de saint Pierre comme le centre d'unité. L'Église de Rome possède à un degré éminent les qualifications nécessaires pour commander avec succès. Elle joint à un esprit de rigidité dans le maintien des principes établis une souplesse merveilleuse quand il s'agit de les appliquer. L'expérience accumulée des congrégations, la diplomatie traditionnelle de la Cour papale, leurs faciles dispositions à accepter le fait accomplie rendraient ici autant de services inestimables. Je ne parle pas des qualités supérieures de foi et de patience, car j'envisage plutôt la question

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