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cruelles que beaucoup d'entre eux ont subies. L'antipathie pour les hommes a réagi sur la façon de présenter et d'interpréter les écrits.

Dans ce qu'on est convenu d'appeler la haute critique, Renan n'a pas beaucoup d'originalité. Il combine les hypothèses qui lui sont fournies par d'autres. La grandeur du cadre qu'il voulait remplir l'a conduit presque nécessairement à employer cette méthode. Il serait arrivé sans doute sur beaucoup de points à des conclusions plus justes s'il avait repris plus attentivement et par lui-même l'examen des problèmes qu'il devait résoudre. En matière de critique purement textuelle et d'exégèse, sa perspicacité naturelle, l'étendue et la variété de ses connaissances le servaient heureusement. Sa manière de traiter les textes est néanmoins passablement insuffisante pour les parties poétiques de l'Ancien Testament dont il ne paraît pas avoir beaucoup observé le rythme. N'oublions pas pourtant, si nous voulons être justes, qu'il est arrivé le premier ou peu s' s'en faut sur un terrain que l'érudition française n'était pas habituée à cultiver. Ses erreurs de critique en ce qui regarde l'origine, la date, même le caractère de tel ou tel livre biblique sont peu de chose en comparaison de la grande erreur philosophique et religieuse qui domine toute son œuvre, et, en tout cas, c'est de celle-ci que procèdent, en dernière analyse, toutes les conséquences fâcheuses qui peuvent résulter de celles-là.

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ALFRED LOISY.

CHRONIQUE

Une nouvelle lettre de Léon XIII au peuple anglais. - Nous lisons dans le Monde, la correspondance suivante :

J'apprends que le Pape Léon XIII va témoigner, par un nouvel acte pontifical, de son ardent désir de ramener l'Angleterre à la foi de saint Augustin et de Grégoire le Grand. Une lettre concernant les Anglais leur sera adressée par Sa Sainteté, probalement vers la fin du mois. Cette lettre n'a pas été provoquée par le Mémoire de M. Gladstone: elle était en préparation avant que ce Mémoire ne fût présenté au Vatican.

« M. Portal, directeur de la Revue anglo-romaine, est reparti hier de Rome pour la France. La veille, il avait eu la joie d'assister à la messe du Souverain Pontife, en compagnie de deux prêtres anglicans que la question de la validité des ordinations avait amenés à Rome et qui sont également repartis. Par une heureuse coïncidence, ce jour même était la fête de saint Augustin, l'apôtre de l'Agleterre.

Les matelots anglais à Rome. Le Saint-Père, dit l'Univers, offrira dimanche, au Vatican, une réfection à cinq cents matelots anglais, qui assisteront à sa messe en la chapelle sixtine.

Il les fera ensuite accompagner dans la visite des musées et des jardins du Vatican.

Titres honorifiques accordés par le Sénat de l'Université de Cambridge. A la réunion du 9 juin les propositions suivantes ayant été approuvées par le Conseil ont été soumises au Sénat de l'Université de Cambridge:

1. That the Degree of Doctor in Law, honoris causa, be conferred upon TOBIAS MICHAEL CHARLES ASSER, Professor of International Law in the University of Amsterdam, under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3.

« 2. That the Degree of Doctor in Law, honoris causa, be conferred upon Professor FELIX LIEBERMANN under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3.

3. That the Degree of Doctor in Letters, honoris causa, be conferred upon SAMUEL BERGER, Secretary of the Faculty of Protestant Theology at Paris, under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3.

« 4. That the Degree of Doctor in Letters, honoris causa, be conferred upon LOUIS DUCHESNE, Director of the Ecole Française de Rome, under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3.

« 5. That the Degree of Doctor in Science, honoris causa, be conferred upon CARL GEGENBAUR, Professor of Anatomy and Director of the Anatomical Institute, Heidelberg, under Statute A, Chapter II, Section 18, Parngraph 3.

« 6. That the Degree of Doctor in Letters, honoris causa, be conferred upon MICHEL JOHANNES DE GOEJE, Professor of Arabie and Turkish in the University of Leyden, under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragrah 3.

«7. That the Degree of Doctor in Letters, honoris causa, be conferred upon ADOLF HARNACK, Professor of Theology in the University of Berlin, under Satute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3.

« 8. That the Degree of Doctor in Science, honoris causa, be conferred · upon FELIX KLEIN, Professor of Mathematics in the University of Göttingen, under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3.

« 9. That the Degree of Doctor in Letters, honoris causa, be conferred upon FRANCIS ANDREW MARCH, Professor of the English Language and Comparative Philology in Lafayette College, U. S. A., under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3.

« 10. That the Degree of Doctor in Science, honoris causa, be conferred wpon SIMON NEWCOMB, Professor of Mathematics and Astronomy in the Johns Hopkins University, Baltimore, and Superintendent of the American Nautical Almanac, under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3.

« 11. That the Degree of Doctor in Letters, honoris causa, be conferred upon THEODOR ZAIN, Professor of Theology in the University of Erlangen. under Statute A, Chapter II, Section 18, Paragraph 3 ».

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Le mémoire de M. Gladstone et la Presse. Voici la suite des appréciations auxquelles a donné lieu le mémoire de M. Gladstone que nous avons publié dans notre numéro du 6 juin.

LE TABLET.

« Nous publions à une autre place la lettre de M. Gladstone sur les ordres anglicans, que la plupart de nos lecteurs auront déjà lue d'ailleurs dans les journaux quotidiens. On ne nous dit pas à qui la lettre est adressée, mais cela est de peu d'importance. Elle était adressée principalement au public, et ce n'est pas manquer à la charité que de penser qu'elle était adressée aussi au Pape. L'écrivain assurément ne prétend nullement offrir des réflexions « aux conside<< rations de personnes constituées en dignité, moins encore à celui << sur qui retombent les responsabilités et les angoisses de la plus

haute position qui existe dans l'Église chrétienne ». Mais il peut cependant avoir espéré que ses réflexions seraient placées sous les yeux du Pape, et si, comme c'est l'impression générale, c'est à l'instigation de lord Halifax que cette lettre a été écrite, il est probable que celui-ci aura pensé que la personnalité considérable de M. Gladstone donnerait une signification toute particulière aux conseils dont Sa Seigneurie s'est faite elle-même le porte-parole.

« M. Gladstone a tous les droits d'appeler l'attention du SaintSiège sur les considérations qu'il peut juger importantes, et il y a des passages dans sa lettre que nous accueillerons très cordialement. Toutes nos sympathies sont avec lui quand il exprime le désir de ne pas voir creuser encore davantage le fossé qui nous sépare, mais plutôt de nous voir un jour réunis et plus puissants pour résister aux forces toujours plus redoutables de l'incrédulité. C'est encore une réelle consolation d'entendre dans la bouche du vénérable homme d'État des paroles telles que celles-ci pour apprécier le caractère et les motifs de l'initiative prise par le Saint-Père: « Il ne m'appartient pas de préjuger des résultats des démarches qui se font à Rome. Quels qu'ils soient, il ne peut y avoir dans mon opinion le moindre doute « sur la nature de l'attitude prise par le chef actuel de l'Église catholique romaine au sujet de ces démarches. Selon moi, c'est une « attitude paternelle au sens le plus large du mot, et bien qu'elle << prenne place parmi les derniers souvenirs de ma vie, j'en garderai « toujours la précieuse mémoire avec de tendres sentiments de respect, de gratitude et de haute estime. »

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« Et plus haut dans sa lettre il reconnait l'impartialité avec laquelle l'enquête a été faite, exaltant « ce qu'a fait Léon XIII, d'abord en con« cevant l'idée de cette enquête, et puis en prenant soin, par la constitution savante et impartiale du tribunal chargé de l'enquête, « qu'aucun moyen ne soit négligé, qu'aucune garantie ne soit <<omise pour arriver plus facilement à la vérité. »

α

« Est-ce trop demander que d'espérer que, lorsque l'enquête actuelle sera terminée, quelle que soit la décision, les justes et généreuses paroles de M. Gladstone obtiendront, de la part des anglicans, à l'égard du Saint-Père et des juges qu'il a nommés, la reconnaissance au moins de la pureté et de la charité des bibles qui les ont guidés!

« Passant ensuite au contenu des recommandations de M. Gladstone, pouvons-nous appeler son attention sur une appréciation regrettable qui semble se retrouver partout dans sa lettre? Il reconnait sans doute que la question des avantages qui pourraient résulter de telle ou telle décision est subordonnée à la vérité historique; mais il ajoute que, pour le moment, il ne s'occupe que des avantages. Et, en conséquence, passant presque absolument sous silence ce que le respect de la vérité peut imposer aux juges, il fait la balance des. avantages comme si ce devait être là l'objectif principal de la décision à prendre. Sans doute, M. Gladstone n'a pas voulu dire que cela sera, ses expressions ayant été soigneusement choisies pour ne pas dire

autre chose que ce qu'il veut; mais nous craignons que le plan qu'il a adopté de n'envisager la question qu'à ce point de vue particulier et subordonné n'encourage l'illusion regrettable que le Times dans son leader sur la lettre en question n'a pas hésité à signaler: « Nous << pouvons être bien certains que, si le Pape est convaincu que la «reconnaissance par lui des ordres anglicans prépare les voies à une contre-reconnaissance de la suprématie papale par les angli<«< cans, ces voies devront être aplanies d'une manière ou de l'autre. » Dans ces circonstances, il nous semble nécessaire d'affirmer hautement que la pensée de voir le Pape s'engager dans une pareille voie nous paraît à la fois intolérable et sans fondement. Léon XIII, bien que se rendant parfaitement compte des avantages ou des désavantages qui peuvent résulter de la décision, ne laissera pas influencer son jugement par de telles considérations; car l'enquête elle-même est une enquête sur la vérité des faits et des doctrines, et en cette matière la question d'avantage ne saurait intervenir. Nous désirons également protester en notre nom à nous qui, en Angleterre, avons soutenu l'invalidité des ordres anglicans. L'idée que nous souhaitons une décision hostile dans l'espérance qu'elle nous amènera plus de convertis, est entièrement sans fondement. Sans doute nous avons pu penser que la défense faite par certains ecclésiastiques étrangers d'une position que nous considérons comme absolument fausse, est on ne peut plus déplorable, en ce qu'elle retient des âmes que Dieu est en train d'amener à la vérité; mais nous ne sommes pas si dépourvus de scrupules que nous cherchions à parvenir à un but même aussi louable que celui de déterminer des conversions en soutenant ce qui est faux. Si nous parlons ou écrivons contre les ordres anglicans, c'est simplement parce que nous croyons que les preuves contre leur validité sont convaincantes.

Mais, dans la lettre de M. Gladstone, le passage le plus important est celui-ci : « Un chef dont la sagesse est connue, ne mettrait cer<«<tainement pas en branle tous les rouages de la Curie pour élargir << encore davantage la brèche ouverte entre l'Église romaine et une <«< communion plus petite, sans doute, mais qui se répand partout « où se propagent et grandissent les races de langue anglaise, et qui «représente dans la sphère religieuse une des plus puissantes << nations de la chrétienté européenne... A ce point de vue, les con<< séquences d'une enquête aboutissant à une condamnation seraient également déplorables. »

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<«< Examinons maintenant le conseil qui est aussi offert à Léon XIII. d'autant que ce même conseil lui a déjà été offert par d'autres personnages influents. Tout d'abord on paraît penser que c'est le Pape qui prit lui-même l'initiative de réouvrir la controverse sur les ordres, et c'est en se basant sur cette supposition que M. Gladstone déclare que Léon XIII ne peut avoir l'intention de promulguer aucune deci sion hostile aux revendications des anglicans. Si toutefois nous sommes bien informés, l'initiative fut prise par M. Duchesne et les autres ecclésiastiques français que Lord Halifax a enrôlés dans son

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