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prêchée ». En d'autres termes, la définition n'a pas trait à une pureté subjective de doctrine, mais à la possession d'une doctrine objective, c'est-à-dire des grandes vérités de l'Évangile, des fondements du christianisme, de la foi de l'Église. De même qu'il n'y a qu'une seule vie sacramentelle, de même il ne doit y avoir qu'une seule foi, et ceux qui ne professent pas cette seule foi ne sauraient être reconnus comme faisant partie de l'Église visible. Et on peut constater la pratique de l'Église d'Angleterre sur ce point d'une manière très précise. A la demande des nestoriens de Perse et du Kurdistan, l'archevêque de Cantorbéry entretient une mission parmi eux. Il est défendu aux missionnaires de faire du prosélytisme et de troubler en aucune manière leur organisation ecclésiastique; mais, d'autre part, les missionnaires ne peuvent entrer en communion avec eux que s'ils renoncent à leur hérésie et reconnaissent la foi de l'Église, telle qu'elle a été définie au concile d'Éphèse.

Il est clair que ni la doctrine officielle, ni la pratique de l'Église d'Angleterre n'autorisent la théorie qui fait seulement reposer l'unité essentielle de l'Église dans l'unité de la vie sacramentelle.

4o Il y a une autre théorie qui est souvent attribuée aux anglicans, et cette imputation est peut-être fondée sur une interprétation rigoureuse de certaines affirmations, faites à la légère et sans être suffisamment approfondies par des individus. On la désigne généralement sous le nom de Théorie des Branches. Telle qu'on la présente, elle est l'objet des attaques de beaucoup de controversistes qui dépensent force arguments à attaquer une position qui n'est défendue par personne. Le terme Branches est à la vérité employé par beaucoup de nos meilleurs écrivains lorsqu'ils parlent de l'Église ; ils parleront de la branche anglaise de l'Église, de la branche romaine ou de la branche grecque; ils parleront encore, dans le même sens, de la branche française, ou espagnole ou américaine.

Le regretté évêque de Lincoln, le Dr Wordsworth, était spécialement connu pour employer cette expression, mais il montrait d'une manière absolument claire dans quel sens il l'employait.

Dans son ouvrage Theophilus anglicanus, traitant de la «< Branche anglicane de l'Église catholique », il a fait une citation de Hooker: << De même que la mer ne formant qu'un seul tout porte cependant divers noms, suivant les diverses régions, de même l'Église catholique est ainsi divisée en plusieurs sociétés distinctes dont chacune est appelée elle-même une Église. » Ainsi, lorsque nos écrivains parlent des << Branches » de l'Église, ils ont en vue les divisions locales ou « Branches » d'un corps homogène, tel que la mer.

Le terme cependant est ambigu et suggère très naturellement l'idée des branches d'un arbre, et peut-être, cette idée vient-elle d'une association inexacte avec la parole de Notre-Seigneur qui compare les

individus aux branches de la vigne, ou avec les paroles de saint Paul qui représente chaque fidèle comme greffé sur un tronc d'olivier. Il en résulte une assez fréquente extension de la parabole de la branche à la constitution de l'Église beaucoup moins exacte. Car les branches d'un arbre, bien que partant d'un tronc commun et puisant la vie à la même sève, n'ont aucune sorte de communication ou de rapport les unes avec les autres, rien de cette libre circulation qui établit une unité réelle entre les diverses parties de la mer.

C'est cette comparaison avec les branches d'un arbre, et toutes les conséquences qui peuvent en être logiquement déduites, que nos critiques ne manquent jamais l'occasion de nous opposer. On nous préte l'opinion d'après laquelle différentes parties de l'Église, de même que les branches d'un arbre, ont, à la vérité, une souche commune, mais sont complètement distinctes les unes des autres, jouissant d'une existence individuelle complète. On nous demande ironiquement, si toutes les parties de l'Église forment les branches, où en est le tronc. On nous invite à montrer comment un individu passe d'une branche dans l'autre lorsqu'il change le lieu de sa résidence. Nous répon dons que ces questions exigeraient de nous l'explication et la défense d'une hypothèse que nous n'acceptons pas le moins du monde. Cette théorie des branches n'est pas de nous. Elle a été inventée par nos adversaires qui nous l'attribuent gratuitement; nous n'avons pas à nous occuper de ses absurdes conséquences.

Ce ne sont peut-être pas toujours des adversaires loyaux que ceux qui nous traitent de la sorte; mais leurs imputations persistantes produisent un réel effet chez d'autres personnes. Celles-ci supposent plus sérieusement que, d'après nous, l'Église catholique est composée essentiellement d'un certain nombre de communions indépendantes et séparées : la communion romaine, la communion grecque, la communion anglicane, à tout le moins, si on suppose même que nous excluons comme hérétiques, les Coptes, les Arméniens, et les autres Églises orientales séparées. Notre théorie de l'Église, selon cette hypothèse. admet que ces diverses communions ou Églises jouissent d'une existence individuelle, possédant chacune un corps de doctrine propre, et qu'elles sont animées d'une vie intime qui permet leur développement séparé. Il s'ensuit que l'Église, pour être une, ne saurait trouver son unité que dans l'agglomération de ces différentes parties. essentiellement indépendantes, mais reliées entre elles par une sorte de lien fédéral des plus élastiques; ce lien est si faible à la vérité que, comme je l'ai déjà indiqué en posant la question, il n'impliquerait pas même des relations diplomatiques entre les divers membres de l'union. A la vérité, on pourrait les regarder plutôt comme autant de royaumes séparés sous la suzeraineté d'un monarque divin et invisible.

Il est très vrai que nous parlons quelquefois des diverses communions. Mais, par là, nous ne faisons que noter un fait qui est évident. Nous n'impliquons en aucune manière que ces divisions soient légitimes, encore moins qu'elles soient un des caractères essentiels de la constitution de l'Église. Au contraire, nous regardons ce fait comme déplorable. Je ne crois pas qu'on puisse fournir un seul passage d'un écrivain anglican considérant cet état de division comme une chose bonne ou même tolérable en elle-même.

Nous en reconnaissons seulement le fait. C'est un état de choses qu'il faut bien admettre pour le moment présent, mais qu'il faut travailler à faire cesser le plus tôt possible. Les chrétiens n'ont pas ces rapports parfaits de charité, cette complète communion de culte. qu'ils devraient avoir. De plus, par suite de ces différences, ils sont séparés actuellement en plusieurs groupes, et c'est à ces groupes que l'on donne le nom de communions. Le terme peut être malheureux et il serait peut-être plus sage d'en adopter un autre, s'il est possible de le trouver, qui donnerait moins facilement prise aux malentendus. Nous ne sommes pas d'ailleurs les seuls à nous servir de ces termes impropres. En tout cas, nous ne croyons pas avoir posé les causes directes des malentendus qui en résultent.

Nous nous servons donc de ce mot pour exprimer un fait regrettable, et nous faisons attention à ne pas étendre sa signification au delà des limites de ce fait. Ce ne sont pas les diverses communions que nous appelons membres ou branches de l'Église catholique, mais bien les Églises locales, provinciales ou nationales.

L'Église de France, l'Église d'Espagne, sont des branches de l'Église universelle. Ainsi, dans une des constitutions (30° canon) promulguées en 1604, l'Église d'Angleterre, parlant de la séparation, s'exprime de la façon suivante: « Imo tantum aberat ut Ecclesia anglicana ab Italiæ, Galliæ, Hispaniæ, Germaniæ aliisve similibus Ecclesiis voluerit per omnia recedere, quicquid eas sciret tenere aut observare, ut ceremonias illas cum reverentia susciperet quas citra Ecclesiæ incommodum ac hominum sobriorum offensionem retineri posse senserat. >>

On voit que le canon ne parle pas de la communion romaine comme d'une entité séparée, mais indique que nous sommes séparés des diverses Églises locales, selon les divisions géographiques, qui, en fait, sonten communion avec le siège romain. Nous sommes malheureusement séparés les uns des autres d'une certaine manière; mais, lorsque nous parlons de l'Église unique, nous croyons que ces Églises locales, ainsi que l'Église d'Angleterre, font au même degré partie intégrante de l'Église catholique.

Ainsi la théorie des branches ne suppose pas que l'Église catholique soit composée d'une confédération de plusieurs communions.

Elle constate simplement le fait que l'Église est organisée en provinces et en groupes de provinces selon les circonscriptions géographiques. Et encore, lorsque nous travaillons et prions pour la réunion de la chrétienté, nous ne regardons pas notre but comme le dévelop pement d'une sorte de lien fédéral plus étroit entre trois ou plusieurs Églises indépendantes; nous désirons plutôt la réalisation en pratique d'une unité substantielle qui existe déjà. Nous ne considérons pas que l'unité doive procéder de la multiplicité; nous reconnaissons plutôt cette profonde vérité que l'Église est essentiellement une et que, de cette unité, découle la multiplicité des divisions locales. Pour en revenir à l'expression qui a donné naissance à la discussion, je dirai que les « branches » de l'Église ne sont pas comme les branches d'un arbre qui n'ont aucune relation entre elles; elles ressemblent plutôt aux branches de la mer qui porte partout et librement les mêmes eaux. Les divisions de la chrétienté peuvent être comparées à la passerelle, au corps-mort, qui, à l'entrée d'un port, ou d'une rade, en interdit l'entrée. Il s'oppose au passage des navires, à la libre circulation à la surface, mais en dessous les eaux n'en circulent pas moins librement, et il n'y a pas solution de continuité.

(A suivre.)

T. A. LACEY.

L'ÉGLISE ANGLICANE

ET

LE MINISTÈRE DES ÉGLISES DE LA RÉFORME 1

(Suite)

14. Reste à considérer quelques allégations par lesquelles on cherche, non pas à détruire les preuves fournies par des faits généralement ignorés, mais à appuyer d'une manière plausible en apparence la thèse que renferme la question du P. Tournebize.

15. On prétend que, par un acte de Parlement (13. Élisabeth, c. 12), il fut établi que les ministres des « Églises réformées »> pourraient être admis à la cure des âmes sans recevoir les ordres.

Nous répondrons à cela: 1° Quand même cette allégation serait vraie, un acte de Parlement n'est pas un acte des synodes de l'Église; il ne peut donc pas toucher à la loi de l'Église, ni la compromettre aucunement, quoi qu'il puisse décider à l'égard de ceux que le pouvoir civil pour des raisons particulières - voudrait favoriser.

D'ailleurs il est à remarquer comme preuve que l'Église a résolu

ment maintenu, en face de l'intervention de la Chambre des communes dans les questions théologiques, son droit inhérent de se gouverner par ses propres synodes et par ses évêques, il est à remarquer, disons-nous, que, dans aucun des canons rédigés par les Convocations de cette année, canons prescrivant que désormais tous candidats aux Saints Ordres signeraient les XXXIX articles, pas la moindre allusion n'est faite à cet acte de la législation civile. 2° Si l'acte avait eu pour but ce qu'on prétend, il s'ensuivrait la néces

Un de nos amis, après avoir lu dans le dernier numéro de la Revue, la première partie de l'étude du Révérend Edward Denny sur l'Eglise anglicane, nous rappelle le passage suivant de Bossuet:

« Je n'accorde pas à Dumoulin et aux autres du même parti, que les « diversités de leurs confessions de foi ne soient que dans la méthode et « dans les expressions, ou bien en police et cérémonies; ou si c'était sur les matières de foi, que ce fut en choses qui n'étaient encore passées en loi ni règlement public; car on a pu voir et on verra le contraire dans << toute la suite de cette histoire. Et peut-on dire, par exemple, que la doctrine « de l'épiscopat, où l'Église d'Angleterre est si ferme, et qu'elle pousse si loin « qu'elle ne reçoit les ministres calvinistes qu'en les ordonnant de nouveau, « soit une affaire de langage, ou en tout cas de pure police et de pure cérémonie? a N'est-ce rien de regarder une Eglise comme n'ayant point de pasteurs légitimement ordonnés? >> – (Histoire des Variations, 1. XII,43.)

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