Imatges de pàgina
PDF
EPUB

tam non posse moraliter conjungi cum traditione instrumentorum quæ postmodum fieret, ut etiam hujus opinionis in re tanti momenti rationem aliquam haberet, totam ordinationem sub conditione iterandam præcepit. » Nous sommes en présence d'une décision pratique, où la Congrégation est dans l'obligation stricte d'être tutioriste et de tenir compte de toutes les opinions extrinsèquement probables; il n'en résulte pas, en faveur de l'une quelconque de ces opinions une probabilité intrinsèque, sans quoi il faudrait dire que toutes sont intrinsèquement probables, ce qui est inadmissible. De plus, la décision de la Congrégation s'explique si l'imposition des mains et la porrection des instruments forment une seule matière totale, quelle que soit la forme; c'est même le sens premier des paroles de Benoît XIV; mais de ce que deux rites distincts, que l'on suppose matière unique, sont moralement unis parce qu'ils se font dans la même ordination, on ne peut nécessairement conclure à l'union morale entre une matière et sa forme, dans les mêmes circonstances ou des circonstances différentes. Car aucun principe théologique ne requiert la simultanéité de deux rites qui servent de matière, tandis que la coexistence de la matière avec sa forme est régulièrement requise.

Mais quoi donc? Après avoir dit que la question ne saurait être tranchée par des raisonnements a priori, allons-nous en échafauder à notre tour? Non; il existe une solution pratique, que nous fournira l'étude des liturgies en usage dans l'Église, comme elle nous a fourni la forme type de la prière consécratoire. On me permettra de ne pas allonger ces pages par de nombreuses citations; mais un simple coup d'œil jeté sur les rites d'ordination du Pontifical et des liturgies orientales réunies par Denzinger, suffira pour conclure. Les rites orientaux rédigés pour l'ordination d'un seul candidat, prescrivent à l'évêque de tenir les mains ou la main droite sur la tête de l'ordinand pendant toute la prière consécratoire; les autres rites, comme le pontifical, qui supposent régulièrement l'ordination de plusieurs candidats à la fois, placent l'imposition des mains en connexion étroite avec le canon consécratoire. Et il ne faut pas voir une interruption notable dans la prière de trois lignes que le Pape récitait entre l'imposition des mains et le canon dans l'ancien Pontifical romain 1. Je raisonne donc ici comme je l'ai fait pour déterminer les idées essentielles de la prière-forme; je n'ose dire ce que l'Église pourrait faire; je constate ce qu'elle fait, et je conclus qu'une séparation aussi notable que celle qui existe dans l'Ordinal entre les prières du début et l'imposition des mains est en opposition avec la pratique commune des liturgies; dans ces conditions, y a-t-il néan

1 Duchesne, Origine du culle chrétien, p. 342

moins entre elles union morale? Je ne dirai pas que c'est impossible a priori; mais les textes m'obligent à répondre que non.

En résumé, bien que les prières placées au début des ordinations anglicanes (et dont deux sont devenues des collectes depuis 1662), soient de nature à pouvoir servir de prières consécratoires, l'intervalle qui les sépare de l'imposition des mains est trop considérable pour qu'elles soient moralement unies avec cette dernière; par conséquent, on ne peut leur attribuer une efficacité sacramentelle.

La seconde question soulevée par M. Lacey est relative à la prière « Almighty God », pour l'ordination des prêtres dans l'Ordinal. Il est certain que, si les probabilités sont accumulées en faveur de l'épiscopat anglican, elles sont accumulées aussi contre le presbytérat. Car, sauf l'hypothèse où une formule impérative et en particulier les paroles << Accipe Spiritum sanctum », suffisent à conférer cet ordre, la valeur du presbytérat anglican est fort problématique. Il est nul si la porrection des instruments est nécessaire, ce que d'ailleurs je n'admets pas; je crains bien qu'il soit nul encore si la forme requise est la prière rédigée suivant les données communes que fournissent les liturgies reçues par l'Église. L'idée essentielle, on le sait, est l'invocation de la grâce divine pour le candidat, en tant qu'appelé à tel ordre déterminé. Qu'on me permette de rappeler la formule à laquelle je me suis arrêté: « Deus qui..., respice propitius super hunc famulum tuum quem ad diaconatum (respective presbyteratum vel episcopatum seu summum sacerdotium) vocare dignatus es; da ei gratiam tuam ut munera hujus ordinis digne et utiliter adimplere valeat.» Je fais remarquer encore que les mots ne sont pas néces saires; les idées seules le sont, de quelque manière qu'elles soient exprimées. Nous pourrions prendre aussi le début de la prière pour la consécration des diacres, d'après les Canones Hippolyti, on aura l'avantage de baser la comparaison sur une formule réellement employée. «O Deus, Pater Domini nostri Jesu Christi, rogamus Te enixe, ut effundas Spiritum tuum Sanctum super servum tuum N. eumque præpares cum illis qui tibi serviunt secundum tuum beneplacitum sicut Stephanus... >>

་་

Or, en comparant ces formules avec la prière de l'Ordinal pour les prêtres, j'ai dû constater que celle-ci ne contient pas l'invocation de la grâce divine sur l'ordinand comme tel; on se contente de rendre grâces à Dieu et de lui demander que partout, et en particulier dans les assemblées de fidèles dont le futur prêtre aura la charge, on continue à lui rendre ces mêmes actions de grâce1. C'est, à mon

Voir le texte complet dans la Hierarchia, ou dans LACEY, Suppl., p. 40.

avis, la grosse objection contre la valeur du presbytérat anglican. Ce n'est pas là notre prière essentielle, ni le type qui se retrouve dans toutes les liturgies. M. Lacey, en supprimant certains passages afin d'isoler les autres et de mieux les faire ressortir, croit cependant trouver dans la prière « Almighty God » cette invocation essentielle pro ordinando. Voici le texte qu'il donne : «... Suppliciter rogantes per eumdem Filium tuum ut omnibus... tribuas... in cognitione et fide tui et Filii tui per Spiritum sanctum quotidie crescere et proficere; adeo ut... per hos ministros tuos... sanctum nomen tuum in æternum glorificetur et amplificetur benedictum regnum tuum. » Peutêtre pourrait-on critiquer le procédé; la lecture de la prière en entier laisse une impression bien moins favorable. Quoi qu'il en soit, j'observe que les ordinands ne sont à aucun moment l'objet direct de la prière; et sauf la mention: « tam per hos famulos tuos quam per... », il ne serait aucunement question d'eux ni de grâces pour eux. Je ne prétends certes pas imposer ma manière de voir; chacun peut faire pour son propre compte la comparaison; pour moi, j'en trouve le résultat trop clair, et je ne puis me résoudre à voir dans cette prière l'équivalent du canon consécratoire.

Je serai bref sur l'hypothèse émise par M. Lacey dans son Supplementum, no 46. Il faudrait voir la forme de l'ordination, non dans telle ou telle prière, mais dans tout l'ensemble du rite. Il est certain que Notre-Seigneur n'a pas déterminé spécifiquement les prières de l'ordination; les apôtres, et après eux, les évêques, ont rédigé et employé diverses prières; souvent il y en a plusieurs dans le même rite. Or, ces évêques des premiers siècles ne connaissaient pas, ne prévoyaient pas les théories de la matière et de la forme; comment savoir alors qu'ils ont déterminé telle prière, plutôt que telle autre, pour la collation de l'ordre? Si donc il y a, dans le même rite, plusieurs prières, se rapportant toutes à l'ordination, qu'est-ce qui empêche de reconnaître à toutes et à chacune la même efficacité ? Que si une seule suffit, avec l'imposition des mains, pour conférer l'ordre, la validité de l'ordination sera bien plus assurée encore, si on en emploie plusieurs. Or il y a, dans le rite anglican, plusieurs de ces prières : les deux que nous avons mentionnées, l'invocation dans les litanies, une bénédiction, l'invocation du Saint Esprit par l'hymne Veni Creator, etc. N'y a-t-il pas dans l'ensemble une forme suffisante?

J'ai peine à croire que l'auteur ait pris lui-même cette hypothèse bien au sérieux. Elle est réfutée d'avance parce qu'il reconnaît

comme la loi imposée par Notre-Seigneur aux apôtres et à leurs successeurs, à savoir de faire les ordinations par l'imposition des mains avec la prière. Mais il n'était pas nécessaire de connaître ni de prévoir la théorie de la matière et de la forme pour distinguer entre les éléments essentiels de l'ordination, telle qu'elle se faisait de tradition apostolique et les rites surajoutés et accessoires. D'ail leurs il n'y eut pas d'abord de si nombreuses additions, et encore au IXe siècle, à Rome, je ne connais aucune cérémonie accessoire surajoutée à l'imposition des mains et au canon consécratoire. Il est exact que l'on trouve réunies dans une même liturgie plusieurs prières, dont chacune serait suffisante pour l'ordination; et dans ce sens « quod abundat non vitiat »; et l'une au moins est jointe à l'imposition des mains; mais si aucune de ces prières ne se trouve dans les conditions exigées par l'antique règle, la multiplication des rites accessoires ne saurait assurer l'efficacité de l'ensemble. Il faudrait reprendre ici toute la discussion relative aux rites essentiels el nécessaires de l'ordination; la chose est faite ailleurs, et je me dispense d'y revenir. Mieux vaut rechercher quelle opinion avaient des ordres anglicans le légat Pole et le pape Paul IV.

(A suivre.)

A. BOUDINHON.

CHRONIQUE

--

L'Encyclique et la Presse. On trouvera plus loin quelques appréciations de journaux français et anglais. Nous avons naturellement fait très large part à la presse anglaise.

En Angleterre, la première impression n'a pas été bonne. Il est vrai qu'elle avait pour cause moins le document en lui-même que les circonstances qui en ont marqué l'apparition dans le Times. Aujourd'hui, les journaux religieux anglicans, en particulier, reviennent à des appréciations plus justes. On se rend compte, comme nous l'avons dit dès le premier jour, qu'il n'y a pas d'obstacle nouveau aux pensées et aux espérances de réunion. Les difficultés sont connues; elles ne sont ni augmentées ni diminuées par l'Encyclique Satis cognitum. Ceux qui, en Angleterre comme en France, se sont dévoués à l'œuvre de l'union n'en sont nullement surpris.

Le digne archevêque d'York a prononcé une allocution qui se ressent, elle aussi, de la première impression. Nous la reproduisons plus loin. Nos lecteurs y trouveront la droiture et la piété qu'ils ont pu apprécier dans les précédents discours de l'illustre orateur. Mais ils constateront aussi que ces paroles attestent la persistance de profonds dissentiments et de graves malentendus sur plusieurs points de doctrine et en particulier sur la nature et l'étendue des prérogatives du Pape.

Au sujet d'un reproche que nous adressent souvent les anglicans et que l'archevêque d'York rappelle, nous croyons utile de citer la réponse qu'y a faite, il y a longtemps, le cardinal Wiseman :

Nous devons donc, nous autres, aller au-devant de ceux qui viennent vers nous, même quand ils se plaignent de dévotions ou de pratiques approuvées ou tolérées pour les pays catholiques. Est-ce que nous devrions agir ainsi, quand même nous ne voudrions pas proposer ces dévotions aux pauvres et aux ignorants?

Je pose cette question parce que dans beaucoup d'écrits on a paru vouloir conclure que nous ne blâmons pas assez nos frères étrangers. Sans vouloir parler de moi, ce blâme, je puis le dire, m'a frappé personnellement, et on m'a témoigné du regret, en public et en particulier, de me voir essayer, par exemple, d'expliquer et défendre certaines phrases qui se rapportent à des dévotions populaires. A cela je réponds: En défendant ces phrases je me suis borné à dire que, malgré leur exagération, elles sont susceptibles d'une interprétation orthodoxe, catholique et pieuse. Jamais, à ma connaissance, je n'ai soutenu que de telles phrases soient convenables ou utiles, surtout au point de vue de l'impression produite sur les autres. Il n'y a rien là d'illogique. Je puis soutenir fermement que

« AnteriorContinua »