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s'attirent de la part de Dieu; et le moyen qu'une foi toute sainte et toute sanctifiante pût se maintenir dans la licence du siècle, et compatir avec des mœurs toutes perverties? Omnis quippè caro corruperat viam suam. Que nous reste-t-il autre chose, ô mon Dieu! que d'avoir recours à votre infinie miséricorde, et de vous fléchir par un retour prompt et sincère dans les voies d'une foi pure et agissante? Tout coupables que nous sommes, ce sont toujours vos enfans qui vous réclament comme leur père ; ce sont toujours les membres de votre Fils adorable, puisque ce sont toujours des chrétiens. Si nous n'avons plus qu'une foible lueur pour guider nos pas, elle peut croître avec l'assistance de votre grâce et se fortifier. Ne souffrez pas, Seigneur, que cette dernière ressource nous soit enlevée. Toute autre vengeance qu'il vous plaira d'exercer sur nous, nous l'avons méritée et nous l'acceptons. Mais, mon Dieu, soutenez notre foi, augmentez notre foi, vivifiez notre foi pour la couronner dans l'éternité bienheureuse, où nous conduise, etc.

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POUR LE

XVIIIE DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE.

SUR LA RECHUTE DANS LE PÉCHÉ.

Et videns Jesus fidem illorum, dixit paralytico: Confide, fili: remittuntur tibi peccata tua.

Jésus voyant leur foi, dit au paralytique : Mon fils, prenez confiance; vos péchés vous sont remis. En saint Matthieu, chap. 9.

Il n'est point de mal plus pernicieux à l'homme que le péché; et si ce fut une grâce que le Sauveur du monde fit à ce malade de notre évangile, de lui donner la santé du corps et de le guérir de sa paralysie, ce fut encore une faveur tout autrement précieuse et mille fois plus estimable, de lui donner la santé de l'ame et de lui accorder la rémission de ses péchés. Tel est, mes chers auditeurs, l'avantage que nous recevons nous-mêmes dans le sacrement de la pénitence, et que nous ne pouvons conserver avec trop de soin. En vain lé paralytique perclus de tous ses membres, se fût-il trouvé tout à coup, par un miracle de la vertu divine, en état d'agir. En vain eût-il entendu de la bouche de Jésus-Christ cette parole toute-puissante: Surge et ambula (1); Levez-vous, et marchez; si par une rechute aussi prompte que l'avoit été la guérison, il eût perdu tout de nouveau le mouvement, et qu'il fût retombé dans sa première infirmité. Disons mieux, chrétiens, et ne sortons point de, notre sujet. En vain ses péchés lui eussent-ils été par-、 donnés, si la passion, reprenant bientôt un nouvel

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SUR 'LA RECHUTE DANS LE PÉCHÉ. '

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empire sur son cœur, l'eût rengagé dans ses mêmes habitudes; et en vain eût-il été réconcilié dans un moment avec Dieu, s'il fût au bout de quelques jours entré dans ses voies criminelles, et qu'il se fut rendu plus que jamais ennemi de Dieu. C'est pour cela que le Sauveur, après avoir guéri auprès de la piscine cet autre paralytique dont il est parlé dans l'évangile de saint Jean, l'avertit expressément de ne pécher plus, et de ne pas retourner à ses désordres passés, de peur qu'il ne s'attirât de la part du ciel, un châtiment encore plus rigoureux que celui qu'il avoit déjà ressenti: Ecce sanus factus es: jam noli peccare, ne deterius tibi aliquid contingat (1). Souffrez donc, mes chers auditeurs, que je vous fasse aujourd'hui la même leçon : et comme le concile de Trente, parmi les caractères de la vraie pénitence, par où nous obtenons le pardon de nos pér chés, nous marque la fermeté et la persévérance du pécheur pénitent, permettez-moi de vous entretenir d'une matière que je n'ai point encore traitée jusqu'à présent dans cette chaire, et qui demande tout mon zèle et toute votre attention : c'est la rechute dans le péché. Je veux vous faire voir ce qu'on doit penser de ces conversions suivies de rechutes ordinaires et habituelles. Le sujet est terrible; et s'il est vrai dans le sentiment de saint Augustin, qu'on ne doit pas se réjouir, ni même entendre parler des grâces que Dieu nous fait, sans avoir au même temps le cœur rempli d'une crainte salutaire, selon le mot du Prophète : Exultate ei cum tremore (2); à combien plus forte raison devons-nous trembler au récit des tristes malheurs que j'ai à vous représenter dans ce discours, après que nous aurons imploré l'assistance du Saint-Esprit, par l'intercession de Marie: Ave, Maria.

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Les théologiens distinguent divers états de péché et de grâce; mais de tous ces états, il n'y en a que deux plus communs en cette vie présente où nous sommes : l'un est de se relever de la chute du péché par la grâce de la pénitence, et l'autre de déchoir de la grâce de la pénitence par la rechute dans le péché. Or le premier état, dit saint Grégoire, fait sur la terre notre véritable bonheur, et nous donne quelque communication de tous les autres états de sainteté. Car la pénitence nous remet absolument dans l'état de la grâce pour pouvoir ne plus pécher. Elle nous rétablit dans les plus beaux droits de la grâce, comme si nous n'avions jamais péché. Elle nous tient lieu, tant qu'elle subsiste en nous, d'une grâce confirmée, pour nous préserver du péché; et elle nous fait mériter l'état de la gloire, où nous ne pourrons plus pécher. De là il s'ensuit, par un raisonnement tout contraire, que le second état, qui est celui de la rechute dans le péché, doit être pour l'homme le plus grand de tous les malheurs, puisqu'il détruit tous ces avantages de la pénitence que nous pouvons encore réduire surtout à deux : savoir, par rapport au passé, d'effacer les péchés commis; et par rapport à l'avenir, de nous fortifier pour ne les plus commettre. Car remarquez bien, s'il vous plaît, deux propositions que j'avance. Je dis que la rechute ordinaire et habituelle dans le péché, rend la pénitence passée infiniment suspecte et j'ajoute que la même rechute dans le péché, rend la pénitence à venir, non-seulement difficile, mais, selon le langage de l'Ecriture et des Pères de l'Eglise, moralement impossible. Que fait donc le pécheur de rechute? deux choses. Il nous donne lieu de douter si la pénitence passée a été sincère et véritable, c'est la première partie; et il se jette dans une extrême difficulté, pour ne pas dire dans une espèce d'impossibilité de retourner jamais à Dieu par une nouvelle et solide péni

tence, c'est la seconde partie. De sorte qu'il ne peut raisonnablement, ni s'assurer du passé, ni compter sur l'avenir. En deux mots, rechute dans le péché, marque d'une fausse pénitence à l'égard du passé, obstacle à la vraie pénitence dans l'avenir : voilà de quoi je vais vous convaincre, si vous voulez m'écouter avec attention.

PREMIÈRE PARTIE.

Quelque rigoureuse que nous paroisse l'exactitude de la loi, quand il s'agit du renoncement au péché, que demande la véritable pénitence, je n'ai garde, chrétiens, de condamner absolument ni universellement la pénitence, quoique douteuse, d'un pécheur qui se rend à soi-même le témoignage de la faire ou de l'avoir faite de bonne foi. C'est à Dieu seul qu'il appartient d'en porter un semblable jugement. Comme il n'est pas, dit saint Augustin, au pouvoir des ministres de JésusChrist de donner aux pécheurs qu'ils réconcilient et dont ils délient les consciences, une entière sûreté (car c'est ainsi que parloit ce saint docteur : Pœnitentiam damus, securitatem dare non possumus (1)), aussi ne peuvent-ils ôter aux pécheurs réconciliés et absous par leur ministère, la confiance qu'ils ont, bien ou mal fondée, que leurs péchés leur sont remis, et que leur pénitence a trouvé grâce devant Dieu. Car le prêtre, quoique lieutenant de Dieu, et dispensateur du sacrement de la pénitence, ne peut répondre avec certitude, ni de sa validité, ni de sa nullité. Il n'y a que Dieu qui sache infailliblement si notre pénitence a eu la juste mesure qu'elle a dû avoir pour être légitime et recevable; comme après Dieu, il n'y a que nous-mêmes qui puissions être sûrs qu'elle ne l'a pas eue. Et la raison de cette différence est, que pour savoir si la pénitence a été parfaite et solide, il en faut juger par les deux (1) Angust.

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