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dépendait entièrement de sa sœur Marie, qui ne témoignait pas un grand desir de la voir engagée sous les lois de l'hymen. D'un autre côté, le roi de Danemarck, qui n'envisageait qu'avec effroi une alliance pareille entre la Suède et l'Angleterre, avait envoyé un agent secret à Londres, chargé de mettre toutes les entraves possibles à la conclusion de cette affaire. Gustave ne savait de ses ambassadeurs que ce que son fils jugeait à propos. Ce dernier avait le soin d'ouvrir toutes les dépêches, et ne communiquait à son père que les nouvelles qui pouvaient flatter ses espérances. Il était aussi souvent trompé par ses agens à Londres, qui, sur la plus petite attention de la coquette Elisabeth, dont le plaisir était d'encourager en même tems tous ceux qui prétendaient à sa main, ne manquaient pas d'en tirer les conséquences les plus flatteuses. Erik, qui ne doutait plus du consentement de la princesse, commanda à Anvers des habits magnifiques, et fit tous les préparatifs d'un hymen auquel il ne voyait plus d'obstacles.

Pendant le cours de cette négociation, la reine Marie mourut, et Elisabeth monta sur le trône. Si la passion dominante d'Erik,

264 HISTOIRE DE GUSTAVE WASA. lambition, acquit par cette circonstance encore plus de force, les inquiétudes de Gustave augmentèrent aussi, par la crainte qu'il eut que cette alliance ne devînt préjudiciable aux intérêts de la Suède. Erik, qui craignait de ne pouvoir vaincre l'éloignement que son père montrait pour ce mariage, pria son frère Jean, qui venait d'arriver à Stockholm, de se joindre à lui. Jaloux de saisir toutes les occasions de détruire l'injuste méfiance de son frère, Jean promit de le servir, et alla même jusqu'à lui proposer d'aller en Angleterre, si le roi approuvait ce voyage. Ce dernier point était difficile à obtenir, et quoique Gustave eût de nouveau consenti au mariage d'Erik avec Elisabeth, il ne voyait qu'avec peine le départ de son fils chéri, et soupçonnait de la part d'Erik quelques motifs secrets pour l'éloigner. Mais les instances de Jean le déterminèrent enfin à tout accorder. Les préparatifs du voyage furent faits, et Jean, après avoir reçu la bénédiction de son père, fit voile vers l'Angleterre avec une flotte composée de vingt vaisseaux.

FIN DU LIVRE QUINZIÈME.

ARGUMENT.

Etat politique et commercial de la Suède à la fin du règne

de Gustave. Sa navigation.

- Son industrie.

Son luxe.

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Sa population.

Sa marine. Ses mines.

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Ses amusemens. - Maison des pauvres.

Hôpitaux. Mort de Christiern et de Christian III. — Démarches du nouveau roi Frédérik II pour rétablir la bonne harmonie avec la Suède. Nouvelles insultes de la cour de Copenhague. Négociations du prince Jean à Londres.

Lettres d'Elisabeth à Gustave et à Erik.

marches pour obtenir la main de la princesse.

Nouvelles dé

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prince Jean en Suède. Assemblée des états à Stockholm,

la dernière à laquelle assista Gustave. du testament de ce souverain.

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l'assemblée. Erik est chargé du soin de gouverner.

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Exhortation de ce prince à ses enfans au lit de
Conclusion.
Coup d'œil sur la Suède.

AVANT d'arriver à la fin du règne de Gustave, il est bon de connaître l'état de la Suède à cette époque, afin de pouvoir le comparer avec celui où elle était lorsque ce grand homme prit les rênes du gouvernement. La nation et le monarque étaient maintenant bien convaincus que la prospérité, la considération et la puissance d'un royaume dépendaient entièrement de l'étendue de sa na

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vigation et de son commerce: aussi tous les efforts s'étaient-ils portés vers l'industrie, la navigation et les finances. Avant Gustave, les Suédois achetaient ou empruntaient leurs vaisseaux des Lubeckois, ce qui les entraînait dans des frais considérables; et quoique cet abus cessât peu à peu par les soins que prit Gustave de faire venir des constructeurs étrangers, il se passa encore bien du tems jusqu'à ce que les Suédois, au milieu de l'abondance de tous les matériaux bruts nécessaires à la construction des vaisseaux, pussent se procurer, par leur propre industrie, ces besoins des nations. Les villes anséatiques, par leurs richesses, leurs alliances, et surtout leurs connaissances dans le commerce, apportaient toujours les plus grands obstacles aux efforts des Suédois. Ces derniers fournissaient alors aux Lubeckois et aux Danois des grains qu'on venait ordinairement chercher à Norkoping, ainsi que dans d'autres petits ports, et recevaient en échange des pommes, des poires et toutes sortes de fruits dont la Suède manquait encore. On a déjà vu l'état où se trouvait la navigation de ce royaume en 1557 : elle n'avait fait que prendre de l'accroissement; et en 1559, Stockholm

avait, sans compter les caboteurs et les vaisseaux chargés pour le commerce de la Baltique, vingt-huit navires marchands qui faisaient voile pour les pays étrangers. La ville de Gèfle en avait aussi dix-sept, et celle d'Oregrund neuf.

, pour

la

On parvint enfin à mettre sur le chantier de gros vaisseaux marchands et de guerre; à l'instar des grandes puissances, on construisit même des vaisseaux de ligne qui, suivant les rapports des chroniques, ne le cédaient pas en grandeur aux nôtres. Cependant il n'est fait dans ces histoires plupart inexactes, aucune mention du nombre de canons qui étaient sur ces vaisseaux : d'ailleurs, ces canons n'étaient que des pièces de fonte de différens calibres, et généralement fort petites, semblables à celles qu'on voit encore aujourd'hui à bord des bâtimens marchands. L'historien suédois Lagerbring parle, à la vérité, d'un vaisseau énorme, nommé l'Élephant, percé pour 125 canons, et qui fut employé sous Erik XIV, fils de Gustave, dans la guerre qu'il eut contre le Danemarck. Mais Lagerbring oublie de parler de la circonstance la plus importante, celle de savoir combien ce vaisseau portait effectivement de

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