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son salut, faire à chaque heure du jour retentir dans toutes les contrées de l'univers cette seule et courte parole, éternité ! Ce seroit assez pour y opérer les plus grands miracles de conversion.

Non seulement on ne pense point à l'éternité malheureuse, mais je sais où en est venu, par un excès d'aveuglement, et où en vient encore tous les jours le libertinage du siècle : jusqu'à se jouer d'une si utile pensée, jusqu'à regarder avec mépris un homme qui en paroît touché et qui en veut profiter, jusqu'à dire de lui, par la plus scandaleuse dérision, Il craint l'enfer; car tel est le langage d'une infinité de mondains. Ah! mes chers auditeurs, vous raillerez tant qu'il vous plaira : je ne l'en craindrai pas moins, cet enfer. Je le crains, et que ne suisje assez heureux pour vous faire part de ma crainte! je le crains souverainement, je le craindrai constamment, et plaise au Ciel que je le craigne efficacement! Je le crains souverainement, parce que ma crainte doit être proportionnée à son sujet; et puisque cet enfer que je crains est le souverain malheur, je ne le craindrois pas autant que je dois si ce n'étoit pas une crainte souveraine. Je le craindrai constamment, et, pour ne perdre jamais cette crainte, je la renouvellerai sans cesse par la mé

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ditation et par une vue fréquente des jugements de Dieu. Tant que je vivrai en ce monde, quelques vertus que j'aie pratiquées, je ne saurai jamais avec assurance si devant Dieu je suis digne d'amour ou de haine, si je mérite ses récompenses éternelles ou ses vengeances. Quand même j'aurois lieu d'être en repos, et sur le passé, et sur le présent, au milieu de tant de piéges qui m'environnent, et après des chutes si étonnantes dont on a été plus d'une fois témoin, je ne pourrai jamais me répondre de l'avenir et dans cette double incertitude, ma plus sûre sauvegarde sera la vigilance et la crainte. Enfin l'une des plus grandes grâces que je puisse obtenir du Ciel, c'est que ma crainte soit efficace car il y a une crainte de l'enfer stérile et infructueuse, comme il y a un désir inutile du salut. On craint et on désire, ou l'on croit désirer et craindre : mais on veut en même temps que ce désir ni cette crainte ne coûtent rien. Crainte réprouvée ! En craignant je dois agir, je dois me corriger, je dois m'avancer, je dois me perfectionner, je ne dois rien omettre de tout ce qui peut me garantir du malheur où je crains de tomber.

Tels sont mes sentiments, et puissent-ils ne s'effacer jamais de mon esprit ! Si l'impie les traite de foiblesse et de timidité superstitieuse,

son insensi

je préférerai ma foiblesse à toute sa prétendue force. Il rira de ma simplicité, et moi j'aurai pitié de sa folie, lorsqu'il ne craint point ce qu'ont craint tant d'hommes mille fois plus sages et mieux instruits que lui; de bilité, lorsqu'il prend si peu de part à une affaire qui le touche de si près, et qu'il s'inté– resse si peu au plus grand de tous ses intérêts ; de sa témérité et de son audace, lorsqu'il s'expose si légèrement et de sang-froid à une éternelle réprobation, et qu'il n'a point de peine à en courir tout le risque. S'il s'endurcit aux avis charitables que je voudrois sur cela lui donner, et si malgré les plus fortes remontrances il demeure dans son obstination, à l'exemple de ces anges qui se retirèrent de Babylone, je l'abandonnerai à son sens réprouvé, et je penserai à moi-mêine. Je lèverai les mains vers Dieu, et je lui ferai la même prière que le Prophète : Ne perdas cum impiis, Deus, animam meam. Ne perdez pas, Seigneur, ne perdez pas mon ame avec les impies. Sauvez-la par votre miséricorde. Aidez-moi à la sauver moimême par mes oeuvres. C'est une ame immortelle, c'est mon unique ah! mon Dieu, dès qu'elle seroit une fois perdue, elle le seroit pour jamais. Préservons-nous, mes chers audi

Ps. 25,

teurs, d'une telle perte. Chacun y est pour soi; et de toutes les affaires, il n'en est point qui nous soit plus propre ni plus particulière que celle-là. Le succès en dépend de Dieu et de nous. Dieu de sa part ne nous manquera pas; ne manquons pas à sa grâce, et disposonsnous par la parfaite observation de ses commandements à recevoir sa gloire dans l'éternité bienheureuse, que je vous souhaite, etc.

TABLE ET ANALYSE

DES

SERMONS CONTENUS DANS CE VOLUME.

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LE XIII DIM. APRÈS LA PENTECOTE.

SUR LA CONFESSION.

SUJET. Dès qu'il eut aperçu ces lépreux, il leur dit :
Allez, faites-vous voir aux prêtres.

Ces lépreux guéris, et obligés de se montrer aux
prêtres, nous représentent les pécheurs appelés au
tribunal de la pénitence pour y confesser leurs pé-
chés et y être absous.

DIVISION. Par rapport au passé, la confession est
le moyen le plus efficace et le plus puissant que la
Providence nous ait fourni pour effacer le péché :
1re partie. Et par rapport à l'avenir, la confession
est le préservatif le plus infaillible et le plus souve-
rain pour nous garantir des rechutes dans le péché,
2e partie: P. 3.

PREMIÈRE PARTIE. Par rapport au passé, la confes-
sion est le moyen le plus efficace et le plus puissant
que la Providence nous ait fourni pour effacer le
péché. D'où tire-t-elle cette vertu ?-1° De la volonté
ou du don de Dieu. Un moyen de pénitence et de
salut n'est efficace qu'autant que Dieu veut l'accep-
ter. Or il a voulu et il veut accepter, pou r la rémis-
sion des péchés, la confession. En quoi Dieu fait sur
tout paroître deux de ses divins attributs, sa gran-

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