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supérieure qui devait être en même temps pour lui la vie éternelle; mais il n'y pouvait arriver qu'en se transformant d'être psychique en être spirituel. Tant qu'il reste psychique, il reste nécessairement pécheur et mortel. La mort n'est le salaire du péché que parce qu'elle en est le fruit, et l'une et l'autre sont les fruits naturels de la chair.

On voit combien les idées de l'apôtre Paul sont déterminées et conditionnées les unes par les autres. Tout est lié dans ce système si profond et si original, et le meilleur signe d'une juste interprétation sera toujours le maintien de cette cohérence intérieure entre toutes ses parties.

A. SABATIER.

LE

ΔΑΙΜΟΝ

HISTOIRE D'UN MOT ET D'UNE IDÉE

L'origine significative du sanskrit deva, du grec Zɛú, et ɛó;, du latin deus, dieu, primitivement brillant, ne laisse aucun doute sur celle de dai-pwv, qui se rattache à la même racine que axio, je brille, je brûle (cf. -205, brillant; sanskrit, di, parf. dî-dây-a, briller). Ainsi s'explique l'identité de sens dans Homère des mots ɛó; et Saíuwv désignant l'un et l'autre la divinité.

L'étymologie adoptée par Pott, et à laquelle Curtius paraît assez favorable, qui fait dépendre dxiμwv de daiw« couper, diviser, distribuer, et qui en identifierait l'idée première avec celle de la divinité en tant que dispensatrice des biens et des maux, n'a d'autre raison d'être que l'inobservation de la double acception primitive de daiw, briller, brûler.

L'explication ancienne, qui rattachait daíuwv à danuwv, intelligent, savant, était plus près de la vérité, les racines dan et da procédant d'un même antécédent et le sens de savant (celui qui connaît, qui voit) dérivant généralement de celui de briller, être éclairé, etc.

Bien que daiμwv, comme nous l'avons déjà vu, ait chez Homère le sens de dieu et se confonde souvent avec celui de só, on peut constater pourtant dans l'emploi homérique des deux mots les différences suivantes :

δαίμων est d'un emploi bien moins fréquent que θεός ; δαίμων n'est

1) Résumé d'une conférence faite à la Faculté des Lettres de Lyon en mars dernier.

presque jamais employé au pluriel, cóc l'est très souvent; daiuwv n'a pas de forme féminine, tandis que le féminin á correspond à só. Les co sont qualifiés, déterminés ; le poète les dit immortels; ils habitent l'Olympe, ils sont opposés aux hommes, aux mortels; de plus, sóc est le terme générique sous lequel sont compris Zeus, Apollon, Poseidon, etc., dont les traits, le caractère, les actes, les fonctions, sont sans cesse indiqués. Rien de tel pour le div, divinité isolée, anonyme, sans sexe, sans attributions définies et qui, à ce titre, est essentiellement propre à résumer en soi tout ce que comporte l'idée divine à l'époque héroïque et particulièrement l'omnipotence, abstraction faite des passions anthropomorphes, comme la colère, la pitié, l'amour, etc., qui peuvent en contrarier l'exercice.

Ainsi doit s'expliquer, je crois, le rôle déjà mixte du diuv chez Homère. Tout-puissant, inflexible, impassible, de lui dépendent le bien et le mal. Il est identifié en quelque sorte au destin. En un mot, c'est la divinité conçue comme cause de toute chose et par conséquent du bonheur et du malheur des hommes. Tel il est resté d'ailleurs dans tout le cours de l'antiquité païenne et de là les mots de saíuwv, celui pour qui la divinité est bonne, heureux et Kazodaiμwv, celui pour qui la divinité est méchante; l'influence favorable ou néfaste qu'attribuent Plutarque et Apulée entre autres aux daiμoves devenus légion, etc.

Ce n'est qu'avec le christianisme que le xipov, ou plutôt les Saíuovec, ont pris un caractère nettement mauvais. Ils sont assimilés au diable, dont ils semblent, pour ainsi dire, la monnaie; ils forment l'antithèse de Dieu, qui leur laisse l'empire du mal en se réservant celui du bien.

La conception du dzipov homérique constitue donc dès ces hautes époques comme un embryon de monothéisme rationnel ou le germe de l'idée d'un dieu unique de qui tout dépend, et par conséquent responsable de tout. Mais un tel dieu était trop abstrait pour soutenir la concurrence avec ses rivaux anthropomorphes, exclusivement bons à ce titre pour ceux qui les priaient et les comblaient d'offrandes. La mythologie étouffa ainsi la semence de la philosophie naissante qui ne devait ressusciter en Grèce que bien des

1) Pour les détails, voir Hild, Étude sur les Démons, et Monin, Critique philosophique, nouvelle série, I, p. 201-202.

siècles plus tard et sous des formes qui conservèrent souvent et pour longtemps l'empreinte des mythes qui l'avaient précédée.

En tout cas, c'est à cette influence de la mythologie, à l'idée qui vient d'elle des dieux anthropomorphes, essentiellement bons pour leurs adorateurs, qu'est due surtout l'importance prise par l'insoluble question de l'origine du mal. Les dieux bons nécessitaient l'hypothèse des divinités malfaisantes; de celle-ci et de ceux-là découlait à son tour la nécessité d'une synthèse dont pendant de longs siècles l'esprit humain s'est tourmenté vainement à chercher la formule.

PAUL REGNAUD.

BULLETIN CRITIQUE

DE LA

RELIGION ÉGYPTIENNE

LE RITUEL DU SACRIFICE FUNÉRAIRE

E. Schiaparelli, Il Libro dei Funerali degli Antichi Egiziani, tradotto e commentato da Ernesto Schiaparelli, Roma, Torino, Firenze, Erm. Læscher, 1881-1882, gr. in-4, 1 vol. de texte, vin-166 pages, prix 50 francs, et 3 volumes de planches, prix 100 francs.

J. Dümichen, Der Grabpalast des Patuamenap in der Thebanischen Nekropolis, in vollständiger Copie seiner Inschriften und bildlichen Darstellungen, und mit Uebersetzung und Erläuterungen derselben, herausgegeben von Johannes Dümichen, Leipzig, J.-C. Hinrichs, 1884-1885, 2 vol. in-4, I, X-48 pages, xxvi planches; II, 56 pages, xxix planches.

Les textes des Pyramides, que j'ai analysés brièvement dans un article précédent', font partie d'un rituel des plus compliqués, dont on observait scrupuleusement les indications en tout ce qui concernait la consécration du tombeau, les cérémonies des funérailles et celles des services commémoratifs qu'on célébrait chaque année, à date fixe, en l'honneur des morts. Les versions d'Ounas, de Teti, de Pepi Ier, ne donnent le plus souvent que les prières, sans

1) Cf. Revue des Religions, t. XIII, p. 123-139.

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