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portant sous son bras un sac de la peau de quelque animal préféré, tels que le castor, la loutre, le lynx, contenant toutes sortes de plantes médicinales rares et précieuses. Ils les lui montrèrent et l'invitèrent à festoyer par des paroles joyeuses et par des cérémonies. Immédiatement il leva la tête, se découvrit, nettoya les couleurs sombres dont il était enduit et les suivit. Ils lui offrirent une coupe de la liqueur préparée avec les plantes choisies, à la fois en guise de propitiation et comme cérémonie d'initiation. Il la but d'un seul trait et sa mélancolie disparut. Alors ils commencèrent leurs danses et leurs chants, avec des cérémonies variées. Tous dansèrent, tous chantèrent, tous remplirent leur rôle avec la plus extrême gravité, avec exactitude, régularité et justesse. Manabozo était guéri. Il mangea, dansa, chanta et fuma la pipe sacrée. C'est ainsi que furent introduits les mystères de la grande danse médicale. Alors les Manitous unirent leurs pouvoirs pour rappeler Chibiahos à la vie. Ainsi fut fait; ils lui rendirent la vie, mais il était défendu de pénétrer dans sa cabane. A travers une ouverture ils lui passèrent un charbon brûlant et lui dirent d'aller présider la Région des âmes et de régner sur le pays des morts. Manabozo, dès lors, se retira loin des hommes; il laissa à Misukumigakva ou la Mère de la terre le patronage des plantes médicinales et lui offrit des sacrifices. >>

Le déchiffrement des inscriptions hittites. M. J. Menant a mis récemment nos lecteurs au courant des problèmes soulevés dans le monde des orientalistes par les monuments et les inscriptions de l'Asie-Mineure que l'on désigne sous le nom de hétéens ou hittites. Voici que le président du Palestine Exploration Fund, le capitaine Conder, prétend avoir trouvé la clef de ces mystérieuses inscriptions. Il a annoncé sa découverte dans une lettre datée de Chatham et publiée par le Times, dont nous donnons ici la traduction :

<< Depuis quelques années le déchiffrement des étranges hiéroglyphes découverts à Hamath, à Alep, à Karkemisch et, d'une façon générale, dans toute l'Asie-Mineure, se présente à nous comme l'un des plus intéressants problèmes de l'archéologie orientale. On a tenté plusieurs fois de les lire, mais aucune de ces tentatives ne pouvait réussir tant que la langue à laquelle ces textes appartiennent restait inconnue. J'ai eu la bonne fortune de découvrir ce mois-ci (en février) quelle est cette langue et je ne pense pas avoir beaucoup de peine à convaincre les orientalistes de la réalité de cette découverte, puisqu'il se trouve que non seulement les termes, mais aussi la grammaire de ces inscriptions appartiennent à une langue bien connue. La découverte, quand on la connaît, paraît à tel point simple et évidente que je m'étonne qu'elle n'ait pas encore été faite. La lecture complète des textes ne laisse pas, sans doute, d'offrir encore quelques difficultés, d'abord à cause des mutilations et du mauvais état des inscriptions, ensuite à cause des fautes des reproductions publiées. Dans certains cas le sens de quelques symboles que l'on ne rencontre qu'une ou deux fois doit rester obscur jusqu'à ce que l'on en découvre d'autres exemples. Je ne doute pas néanmoins que l'étude attentive des originaux ne fasse disparaître

exac

un grand nombre de ces difficultés de détail, lorsqu'on aura reconnu la clef simple et évidente de ce langage. Je n'hésite pas à déclarer qu'il est dès à présent possible de comprendre le sens général et les caractères des dix principaux textes actuellement connus. On sait que ces caractères étaient en usage 1400 ans avant Jésus-Christ et qu'ils remontent, selon toute vraisemblance, à une beaucoup plus haute antiquité. Je prépare un mémoire dans lequel je me propose de donner une analyse complète du sujet et je m'attaque au déchiffrement des plus importantes de ces inscriptions qui sont certainement déchiffrables. Ce sont des invocations aux dieux du Ciel, de l'Océan et de la Terre, tement les divinités (y compris Set) que les monuments égyptiens et les textes cunéiformes nous font connaître comme objets d'adoration chez les Hittites et les autres tribus de l'Asie-Mineure. Nous aurions déjà dû le soupçonner, puisqu'en certains cas, ces inscriptions se trouvent sur les bas-reliefs où sont représentés des dieux. On éprouve, sans doute, quelque désappointement en constatant qu'elles ne fournissent pas de renseignements historiques; mais je serai en état de montrer qu'elles permettent néanmoins d'établir des déductions historiques très importantes et qu'elles jettent un jour nouveau et vraiment étonnant sur l'ancienne histoire de l'Asie occidentale et de l'Égypte. Cette découverte provoquera sûrement une certaine incrédulité jusqu'à ce que l'on puisse en démontrer la justesse par de nombreuses preuves tirées de l'interprétation grammaticale; c'est, en effet, la construction particulière des phrases qui explique pourquoi elles n'ont pas déjà été déchiffrées. Voilà pourquoi j'ai remis à deux orientalistes bien connus (MM. W. Wilson et C. Warren) un exposé des principes de la découverte, qui servira à montrer que la méthode adoptée n'est pas arbitraire et que les conclusions auxquelles elle aboutit, sont de la plus haute importance pour tous ceux qui étudient l'histoire d'Orient.

<< Voici, sauf corrections ultérieures, le sens des textes les plus importants. Le premier est une prière au soleil :

« Puisse le saint, fort et puissant, entendre les prières qui montent. J'in<«< voque le Très Haut... J'adore mon Seigneur... Brille, Seigneur. Grand <«< esprit, qu'il en soit ainsi. Il me donne la pluie du ciel. »

« Une seconde prière est adressée au dieu de l'Eau, du Firmament et de l'Océan :

« Je prie... mon Dieu de l'Eau, le majestueux Seigneur de l'Eau, le Dieu << du Ciel. Je fais une inscription en son honneur. Je l'exalte. Je provoque une << grande libation en guise de sacrifice. J'offre un sacrifice au Très Haut, le Roi « de l'Eau. J'invoque le (fort) Seigneur, le puissant. Le (fort) Roi, (forte) « lumière; Dieu, chef du ciel... Je sacrifie à... Je crie... Je (le) glorifie «<priant pour de l'eau. »

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« Un troisième texte se lit de la façon suivante :

«A toi, le puissant... le fort, le chef, le Seigneur reconnu, soient adressées les prières... Je crie avec prière au Saint, le grand Seigneur... à Dieu et

« à Déesse ensemble, je crie au grand (être) spirituel... Amen. Je... à mon << Dieu-Eau. Lui Set mon Dieu-Eau... chef... J'invoque. Au dieu bienfai«sant de l'aurore... je crie... A mon Saint. [Puisse-t-il faire... ma supplication?] Offrant une libation au Dieu du Ciel. Je lui fais offrir une excel<«<lente libation... Accepte mon excellente libation... La lune croissante «grandement je... »

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« Ce texte est très mutilé et contient divers signes rares; mais le sens général est hors de doute. J'ai également traduit un long texte analogue, mais le mauvais état dans lequel il nous est parvenu fait qu'il y reste beaucoup de lacunes. Bref, j'ai appliqué ce langage à dix des textes principaux. Les sceaux et les pierres gravées recouverts des mêmes caractères ne sont pas difficiles à lire. Le cylindre trouvé à Babylone paraît être un cylindre magique, couvert de caractères, comme plusieurs autres déjà connus... >>

Il importe de n'accepter ces traductions que sous bénéfice de contrôle. N'oublions pas, en effet, que le capitaine Conder est au moins le cinquième à proposer une clef pour l'interprétation des inscriptions hittites. Ceux de nos lecteurs qui désirent suivre de près l'histoire des tentatives de déchiffrement, trouveront un très intéressant aperçu des divers systèmes proposés jusqu'à ce jour, dans un nouveau recueil périodique anglais dont nous avons déjà annoncé la publication, mais que nous nous plaisons à signaler une fois de plus : le Babylonian and Oriental Record (Londres, Nutt, sous la direction du prof. de Lacouperie), livraison d'avril 1887.

Archéologues et philologues. Puisque nous avons commencé le récit des découvertes du président du Palestine Exploration Fund, nous ne saurions négliger l'article qu'il a publié, peu de jours après la lettre précitée, dans la livraison de Mars du Contemporary Review, sous le titre de : Old Testament: ancient monuments and modern critics. C'est une vive attaque contre la méthode et les procédés de l'école critique d'interprétation de l'Ancien Testament. Le cap. Conder reproche aux hébraïsants de se renfermer trop exclusivement dans l'étude philologique des textes de l'Ancien Testament et de ne pas tenir un assez grand compte des découvertes de plus en plus importantes qui se succèdent dans le champ de l'archéologie sémitique et de l'égyptologie. Il prétend montrer par une série d'exemples portant sur la diffusion du nom de Jéhovah, le tabernacle, l'année hébraïque, les récits de la Genèse, les Rephaïm, les mœurs et les coutumes des Hébreux, etc., que les découvertes de l'archéologie et l'étude comparée des civilisations et des religions sémitiques condamnent un grand nombre des affirmations de l'École critique et que la défiance avec laquelle le public accueille les conclusions de celle-ci, est justifiée par la témérité des hypothèses et l'insuffisance de la documentation. C'est surtout à M. Wellhausen que le cap. Conder s'attaque.

Ce choix, il faut le reconnaître, est particulièrement malheureux. Le savant philologue et historien allemand sera sans doute étonné d'apprendre qu'il n'a

pas suffisamment étudié les religions sémitiques. Il n'aurait pas grand'peine à établir que les certitudes archéologiques auxquelles le cap. Conder attache une si grande valeur, ne sont pas toutes aussi évidentes que le prétendent leurs heureux inventeurs et que les conclusions que ce dernier en tire pour appuyer certains récits bibliques sont fort contestables. M. Robertson Smith, l'auteur d'un des plus beaux ouvrages qui aient paru sur les anciens Arabes, lui a vertement répondu dans la livraison d'avril de la même revue. Nous n'avons pas à prendre parti, lorsqu'il accuse le président du Palestine Exploration Fund de ne pas savoir l'hébreu et de n'avoir qu'une connaissance imparfaite de la philologie sémitique. Les éléments pour juger le différend nous manquent. Il n'est malheureusement plus rare de voir des critiques ignorant l'hébreu se mêler de disséquer les textes mêmes de l'Ancien Testament. Mais il faut bien reconnaître avec M. Robertson Smith que l'âpre critique de Wellhausen ne semble pas l'avoir lu avec suffisamment d'attention.

Nous retrouvons ici en réalité la nouvelle rivalité des folkloristes et des philologues, greffée sur l'ancienne rivalité des conservateurs et des critiques dans le domaine de l'exégèse sacrée. En s'adressant à des hommes comme MM. Wellhausen et Kuenen, le cap. Conder se trompe d'adresse. Son article renferme cependant un avertissement utile à recueillir pour bon nombre d'exégètes modernes de l'Ancien Testament. Il ne faut plus, dans l'état actuel des études sémitiques, se renfermer exclusivement dans la dissection des textes bibliques, comme si le développement de la religion d'Israel ne devait pas être éclairé par les travaux multiples des autres sections de l'histoire, de l'archéologie et de la philologie sémitiques. Publications.

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1° Ch. Bigg. The christian Platonists of Alexandria (Oxford, Clarendon Press, 1886; in-8 de xxvii et 304 p.). Sous ce titre le Dr Ch. Bigg a réuni les huit conférences qu'il a prononcées à Oxford, en 1886, sur l'invitation du comité chargé de gérer le legs du Rev. Bampton. La première est consacrée à Philon et aux gnostiques, les cinq suivantes traitent de Clément et d'Origène, la septième a pour objet la Renaissance païenne et la dernière expose l'action des deux grands docteurs alexandrins sur le développement ultérieur de la pensée chrétienne. L'auteur n'a pu épuiser le sujet en quelques conférences; mais il a traité Clément et Origène avec une connaissance approfondie de leurs écrits et avec cette sympathie intellectuelle qui provient d'une certaine affinité de son esprit avec le leur. Les Platonistes chrétiens d'Alexandrie font un digne pendant à l'Organisation des Eglises chrétiennes primitives du Dr Hatch qui ont déjà été publiées, il y a quelques années, comme conférences Bampton.

2o Dictionary of religion. La librairie Cassell vient de publier une encyclopédie des doctrines chrétiennes et des enseignements d'autres religions, comprenant l'histoire des sectes, hérésies, dénominations ecclésiastiques et la biographie. des hommes qui ont exercé une action quelconque dans le domaine religieux.

Ce dictionnaire est l'œuvre du Rev. William Benham.

3o Arthur Lillie. Buddhism in Christendom or Jesus the Essene. (Londres, Kegan Paul, 1887; in-8 de xn et 410 p.). M. Lillie est l'auteur de la Vie populaire du Bouddha. Il nous donne ici un parallèle du Bouddha et du Christ. D'après lui, on ne comprend les origines du christianisme que par le bouddhisme. L'auteur, d'ailleurs, ne manque pas d'imagination.

4° On annonce la publication d'un nouveau volume de M. W. J. Wilkins, l'auteur d'un bon traité de Mythologie hindoue. Ce nouvel ouvrage est intitulé Modern Hinduism. C'est une exposition populaire de la vie quotidienne des Hindous dans l'Inde septentrionale. A signaler particulièrement les chapitres sur les castes, sur le culte et sur les sectes. L'éditeur est M. T. Fisher Unwin.

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Nouvelles diverses. 1° Le Codex Amiatinus. L'hypothèse de M. de Rossi, d'après lequel le célèbre manuscrit de la Vulgate de la Bibliothèque Laurentine à Florence était l'œuvre, non pas du moine bénédictin Servandus (541), mais d'un abbé anglais de Wearmouth (Northumberland), nommé Céolfrid, vient de recevoir une éclatante confirmation de la part de M. Hort, professeur à Cambridge. M. de Rossi avait cru reconnaître dans les parties grattées de l'inscription du manuscrit, au verso de la première page, le nom de ce Céolfrid qui, d'après Bède, apporta en 716 au pape un manuscrit de la Bible copié par ses soins. M. Hort a eu l'idée que, chose étrange, personne n'avait encore eue, d'ouvrir la vie anonyme de Céolfrid qui est imprimée à la suite des œuvres de Bède, dans le tome VI de l'édition Giles. Il y a lu, non seulement que Céolfrid avait fait copier les trois beaux manuscrits mentionnés par Bède, mais encore l'inscription même qui se trouve au verso de la première page du Codex Amiatinus. L'origine de ce manuscrit est donc certaine; il date de l'an 716 et vient d'Angleterre.

2o Hibbert-Lectures. Les conférences de la fondation Hibbert ont lieu cette année, comme d'habitude, à Londres et à Oxford. Le conférencier est M. Sayce; il a choisi pour sujet la Religion de l'Assyrie et de la Babylonie. L'Academy annonce aussi que le comité de la fondation Hibbert publiera très prochainement un volume de l'un de ses pupilles; de Cambridge, intitulé: La cosmologie du Rig-Veda.

3o Manuscrits sanscrits. La Bibl. bodléienne a récemment acquis une précieuse collection de 465 manuscrits formée par M. Hultzsch pendant son dernier voyage en Cachemire. Une vingtaine seulement de ces manuscrits appartiennent à l'ancienne littérature des Brahmanas et des Upanishads. Il y a aussi une vingtaine de textes de Puranas. C'est la littérature jaïne surtout qui est largement représentée dans cette collection. Elle n'y compte pas moins de cent pièces.

4° Nécrologie. On annonce la mort du Rév. James Long à l'âge de 73 ans. Il avait passé une grande partie de son existence comme missionnaire aux Indes

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